INTERSTICES

« Petit espace vide entre les parties d'un tout ».

Qu’ils soient apparus par choix ou par oublis, ou parce que la distance à un autre tissu paraissait nécessaire ou que son urbanisation avait été laissée à plus tard, la ville contemporaine regorge de ces lieux en attente d’une réelle définition.

C’est un désordre particulier causé par un manque dans le classement des vides de la ville. L’interstice serait un lieu qu’on ne peut ranger ou cataloguer, mais qui pourtant serait là de manière inévitable. Il serait une sorte de résidu qui reste. Ainsi, le résidu désignerait un terrain, une place qui n’aurait pas de sens, c’est-à-dire qui ne pourrait contenir aucun objet adéquat.

Il y a une opposition totale qui réside entre la condition d’existence de l’interstice urbain et le planifié, le projeté, le décidé et réfléchi. Le projet considère tout, le bâti et le non bâti, le public, semi-public et le privé, l’éphémère temporaire et le durable. Mais surtout, le projet tente de tout maîtriser.

L’interstice c’est en quelque sorte la part de hasard à l’intérieur de l’évolution dans le temps. La part imparfaite ou imprévue dans le projet.

Et pourtant, ces lieux ne sont pas des "vides".

Ils remplissent toutes sortes de fonctions (d'abri, d'activités, de connexions...) qui ont en commun de ne pas avoir été planifiées. Les interstices deviennent de plus en plus importants dans la ville d’aujourd’hui, non plus comme symptômes mais comme solution au développement urbain, réintroduisant un peu d’imprévu dans un environnement parfois trop planifié.
Ces interstices peuvent recevoir le statut d’espaces collectifs provisoires, flexibles, par les acteurs culturels. Ils fonctionnent alors souvent selon des principes d’autogestion et de « programmation » temporaire et réversible. Ils accueillent également de nouvelles formes d’expressions en complément à l’espace public qui n’offriraient pas suffisamment de place à l’expression des individus.

Les interstices seraient le lieu de l’imaginaire.