ISTANBUL SOKAKLARINDA

Connaitre une ville implique de s’y perdre. A Istanbul c’est avec la mémoire en éveil qu’il faut cheminer.

La ville porte la trace des sédiments du passé : les monuments, les places, les lieux montrent les extraordinaires permutations. Elle évoque selon Orhan Pamuk, l’hüzün, un mot turc désignant en autre, un sentiment de mélancolie, de nostalgie nourrie par l’idée d’une splendeur perdue, d' une tristesse collective qui se manifeste dans le corps de la ville comme une maladie dont les stigmates seraient les ruines, les palais incendiés, les vieux quartiers délabrés, la misère et la décadence généralisée.
A l’inverse, l’élan de modernité se lit dans la ville, et pas seulement dans l’architecture. Tout le spectacle des rues d’Istanbul indique qu’une alchimie complexe est à l’œuvre. La ville a su s’adapter aux évolutions et aux révolutions, à la diversité des hommes, à vivre du changement.

Le mouvement permanent de balancier est permanent : alternance entre Orient et Occident, modernité et tradition, passé et avenir…

Ces deux réalités symétriques se côtoient, se pénètrent, s’enrichissent. Istanbul a cette dualité : deux visages qui appartiennent à la même réalité.